Un ourson, grand joueur comme tous les enfants,
S'était pris d'amitié pour gentille belette.
Jouer ensemble était pour les deux une fête
De tous les jours et de tous les instants.
Elle mordait l'ourson à la jambe, à la tête ;
Il semblait désarmé de grifses et de dents,
Il grandit sans changer d'humeur et de manie.
On voit chez les humains peu de ces bêtes-là.
Mais il devint plus lourd ; et sur sa pauvre amie,
Un jour, sans le vouloir, dans sa grosse folie,
Si lourdement il retomba,
Que sous sa large patte elle resta sans vie.
Jouer avec les grands aux petits fait envie ;
Mais le jeu n'est pas sûr, croyez-en mes conseils ;
Ne jouez qu'avec vos pareils.