Moi, je chante en bécarre, et lui chante en bémol,
Voilà toute la différence,
Disait, parlant du rossignol,
La grenouille avec suffisance ;
Et comme à nuire chacun sait
Que tout jaloux toujours se plaît,
Pour se venger de ce que Philomèle
Avait la voix plus agréable qu'elle,
La méchante troubla l'eau
Où venait boire notre oiseau.
Tandis que sottement elle faisait la moue
Dans la liqueur, ainsi pleine de boue,
Et qu'à travers l'eau trouble elle ne voyait rien,
Passe auprès de l'étang un misérable chien,
Qui, pressé de calmer la soif qui le dévore,
Lape, sans s'en douter, la chétive pécore.
Ainsi le perfide animal
Par sa faute perdit la vie,
Et fut la victime du mal
Qu'avait ourdi sa jalousie.