Jouons, mes chers enfants ! Nous voici réunis,
Que la gaîté parmi nous se déploie !
Nous l'avons tous mérité, mes amis.
Je suis, vous le savez, heureux de votre joie.
Si vous voulez me recevoir,
Volontiers je serai des vôtres.
Mais quel jeu ferons-nous ?... Il en est un, entre autres,
Que je propose pour ce soir ;
Vous le nommez, n'est- ce pas ? la cachette.
Que cacherons-nous !... vite ! -un gant ! -
Bien ! -Qui devinera ?-Moi, la victime est prête ;
Conspirez contre moi ! N'allez pas, cependant,
Pour deviner m'imposer trop de peine,
Et dans une poursuite vaine
Me condamner au désespoir !
Non, à nos jeux la loyauté préside,
Et je n'ai garde aussi, par un coup d'œil perfide,
Quand vous cachez le gant, de chercher à le voir
A travers la cloison qui de vous me sépare. -
C'est fait ! rentrez ! -Je viens.... Du son d'une guitare,
Un de vous, en riant, va diriger mes pas.
On m'observe, on sourit, on chuchote tout bas ;
J'avance lentement et je prête l'oreille ;
Mais, ô surprise sans pareille !
Je fais tout le tour du salon,
Sans que de l'instrument en rien change le ton.
Mon conducteur, peut-être, ou s'endort, ou m'égare. -
Non, me dit- on. -Je vais, reviens dans tous les sens ;
Huché sur un fauteuil, je grimpe et redescends,
Me baisse jusqu'à terre, et toujours la guitare
Répète les mêmes accents.
Comment veut-on que je devine ?
Je n'y saurais rien concevoir.
Je recommence, j'examine
Chaque recoin, chaque tiroir,
Et de chaque assistant tour à tour je m'approche.
Tous mes efforts sont vains et je ne brûle pas :
Je renonce à chercher, je me rends, je suis las.
Le gant ? où donc est-il ?... Le gant
Vous riez ! vous avez raison ;
Le premier je conviens de mon étourderie.
Faites mieux que moi, je vous prie,
Et profitez de la leçon.
Il est un bien caché que cherche tout le monde,
Et qu'on appelle le bonheur.
On le poursuit partout, sur la terre et sur l'onde,
Partout... On l'eût trouvé dans le fond de son cœur.