Tu pars, jeune vaisseau, tu pars et tu t'élances,
Plein d'orgueil et de joie, au sein des flots amers.
Sur l'onde avec fierté déjà tu te balances,
Tu prends possession de l'empire des mers.
Tu brûles, je le vois, de déployer tes ailes,
D'abandonner aux vents ton vol audacieux.
Dans de lointains climats ton regard curieux
Aspire à visiter des régions nouvelles.
Jeune vaisseau, permets que de nos tendres vœux
La trop juste sollicitude,
Avec un peu d'inquiétude,
T'accompagne affrontant l'élément orageux.
Puissions-nous loin de toi conjurer la tempête !
Que la foudre jamais ne gronde sur ta tête !
Jouis toujours d'un ciel serein !
Préservé des écueils, dans tes heureux voyages,
Découvre les plus beaux rivages,
Et qu'ensuite le port te reçoive en son sein !
Mais pour éviter les naufrages,
Il ne te suffit pas de la faveur des dieux ;
Écoute nos conseils, ils sont prudents et sages.
Que ton œil fixé sur les cieux
Sache consulter les étailes ;
Veuille, au besoin, baisser tes voiles.
Avec tout leur génie, en vain nos doctes arts
Auraient pris soin de te construire,
De t'armer contre les hasards,
Si tu ne sais toi-même te conduire.