Auprès d'un superbe rosier,
Un jardinier, par négligence,
Avait laissé grandir un sauvage églantier.
Une rose étalait, d'un air de suffisance,
Sa centuple corolle au sommet du premier,
Tandis que l'églantine entr'ouvrait en silence,
Tout au bas du buisson, un bouton printanier.
« Que cette fleur est fraîche et belle ! »
Dit un jeune berger passant près de ces lieux ;
« Je veux l'offrir à mon Adèle,
Pour en parer ses blonds cheveux.
- Entendez-vous, ma sœur ? dit avec modestie
L'églantine à la rose ; on vous trouve jolie ! »
Mais la simple fleur se trompait,
Car c'était d'elle qu'on parlait ;
Elle reconnut sa méprise,
Et son teint rougit de surprise,
Quand elle vit qu'on la cueillait.