Rose que l'aube a fait éclore,
Et qu'épanouit le matin,
Ici je reviendrai demain :
Demain te reverrai-je encore ?
La tulipe aux vives couleurs,
Qui se contente d'être belle,
Vivra longtemps : reine des fleurs,
Pourquoi ne pas vivre autant qu'elle ?
Ah ! jeune imprudente ! pourquoi,
Sur l'aile des zéphyrs errante,
Vois-je ta poussière odorante,
Que tu prodignes loin de toi ?
Retiens ton haleine embaumée ;
Chasse les zéphyrs importuns.
Pense que la fleur parfumée
S'évapore dans ses parfums.
« Oui, répond la rose, j'y pense :
Mais regarde ce ciel d'azur !
Veux-tu qu'en vain il me dispense
Un jour si doux, un air si pur ?
Au jour si doux qui me colore,
A l'air pur qui me fait fleurir,
Laisse-moi, pendant une aurore,
Donner mes parfums et mourir. »