La Vérité et l'Erreur Le Marchant de Viéville (17?? - 18??)

Pour assurer mon pouvoir sur la terre,
Tu sais quels sont mes éternels ressorts :
Cependant tu me fais une constante guerre ;
Qu'espères-tu de tes efforts ?
Réponds, disait unjour l'Erreur en son langage,
A cette aimable déité
Que nous appellons Vérité,
Si chère au philosophe, au sage,
Et faite pour combler notre félicité,
Lorsque nous lui rendons toujours un pur hommage.
« Prétends-tu dessiller les yeux
Des mortels qu'ici bas je tiens en ma puissance ?
Crois-moi, retourne dans les cieux,
Et ne te berce pas d'une vaine espérance.
Sur de solides fondements
Mon trône est affermi. » J'en conviens, lui dit-elle ;
Mais, si tu crains peu de mon zèle,
J'ai pour le renverser deux mobiles puissants.
Et quels sont-ils ? » La raison et le temps.

Livre I, fable 15




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