Dans la salle à manger d'un ami, l'autre jour,
J'attendais qu'il rentrât ; un valet assez lourd
Nettoyait le plancher, d'une ardeur sans égale,
Mais comme son balai crasseux, mal emmanché,
Semait plus d'Une ordure et d'un brin dans la salle, :
« Au diable le balai ! dit-il d'un air fâché,
Plus.je balaie avec, et plus la chambré est sale. »

Pour garantir mon cœur de toute impureté,
Pour balayer l'erreur des sentiers de ma vie,
Si j'ouvre, en ma simplicité,
Un livre de philosophie,
Il arrive, hélas ! bien souvent
Que l'auteur, faisant fausse route,
M'égare et me conduit au doute.
J'ai peine à démêler le sophisme savant; ;
Et je m'écrie alors : « Au diable soit le livre !
Du doute et de l'erreur je veux qu'il me délivre,
Il m'y plonge encor plus avant. »

Livre IV, Fable 9, 1856




Commentaires