Deux lions se battaient, et partout à la ronde
Leurs fiers rugissements, par l'écho répétés,
Font fuir la troupe vagabonde
Des animaux épouvantés.
Seule de noirs corbeaux une phalange immonde
Accourt à tire d'aile et vole au-dessus d'eux.
« Arrière, arrière, oiseaux hideux,
Dit un aigle, qui passe, â cette troupe lâche,
Par vos cris poussés sans relâche
Cessez d'importuner ces nobles champions.
D'ailleurs, au sort de ces lions
Quel intérêt...? — Belle demande !
Répond en croassant un des chefs de la bande ;
Levant tribut sur les tombeaux,
C'est nous qui recueillons le fruit de la victoire :
Pour le vaincu, la mort ; pour le vainqueur, la gloire ;
Mais la proie est pour les corbeaux. »

Livre IV, Fable 10, 1856




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