Des arbres, jusqu'au ciel portant leur tête allièrc,
D'un frêne rabougri se raillaient sans pitié;
Survint le bûcheron qui les jeta par terre,
Le frêne humble et tortu seul demeura sur pied.

Trois jouvenceaux bien faits, à leur gaîté caustique,
Aux dépens d'un boiteux, donnaient un libre essor ;
Tous trois, bon gré, mal gré, partirent pour l'Afrique,
Ils y furent tués ; le boiteux-vit encor.

Que prouve, dira-t-on, Ce conte ou cette histoire?
Qu'il est avantageux d'être infirme ou mal fait ?
Tel n'en est pas le but, le lecteur peut m'en croire :
La force, je le sais, du ciel est un bienfait.

Mais je dis, en passant, aux heureux de ce monde
Qu'outrager la faiblesse est une impiété.
A cette vérité s'en joint une seconde :
C'est qu'au malheur parfois il est un bon côté.

Livre IV, Fable 14, 1856




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