Une Servante et son balai,
Un matin, en vinrent aux prises :
« Tu me heurtes et tu me brises :
Abandonne-moi sans délai,
Servante des plus mal apprises !
Dit le Balai fort courroucé :
Je le vois bien, tu me méprises, »
A présent que je suis cassé ;
Entre nous, dès ce jour, il faut une rupture. »
« — Parlez avec plus de mesure,
Ou craignez mon emportement, »
Répond la Bonne, en rudoyant
Le vieux Balai dont les murmures
Se renouvellent à l'instant.
« Peste soit de l'impertinent !
Loin de ramasser les ordures,
Il salit mon appartement. »
— Dans l'état où je suis, puis-je faire autrement ?
De mes lambeaux épars je couvre mon passage ;
Mais te nuirais-je maintenant,
Si tu m'avais ménagé davantage ? »
Ainsi, que de gens on entend
Gémir, se plaindre amèrement
D'un malheur qui fut leur ouvrage !