« Sur ce chêne il faut que je ponde,
Disait un merle ; amis, voyez,
Nul abri n'est plus sûr au monde. »
Il niche, il pond. L'orage gronde,
L'arbre et le nid sont foudroyés.

Dans des broussailles près de terre-
Bientôt le nid fut reconstruit.
Mais, hélas ! il ne dura guère :
Les vermisseaux lui font la guerre,
Et l'humidité le détruit.

L'an d'après, l'oiseau rendu sage
Le place, à moyenne hauteur,
Dans un buisson du voisinage.
Dieu bénit le petit ménage,
Qui connut enfin le bonheur.

Heureux cent fois celui quit'aime,
O douce médiocrité !
Aux orages du rang suprême
Il échappe, et sait fuir de même
Les rigueurs de la pauvreté.

Livre VI, Fable 14, 1856




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