Le Dogue et le Carlin Louis-Maximilien Duru (1804 - 1869)

Un Carlin maigre, et criard, et hargneux,
Contre un Dogue, un jour, en colère,
S'acharnait. Il grognait, il jappait ; furieux,
N'en pouvant plus, dans son ire guerrière,
Et dans son langage de chien,
Il épuisait sa petite science,
Pour dérouter la patience
Du Dogue qui marchait grave comme un doyen.
Celui-ci par pitié tourne à la fin la tête :
— Va, méchante petite bête,
Poursuis, dit-il ; je pourrais t'avaler,
Si tu n'étais pour moi pas plus gros qu'une mouche ;
Mais je m'amuse à ta brave escarmouche,
A ton ardeur de quereller.—

Que roi, juge, seigneur, ou toute autre puissance
Fasse de même, à tort, quand le peuple l'offense.

Livre II, fable 5




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