Une caniche enjouée,
Avec un dogue, en une basse-cour,
Ayant trotté tout le jour,
Revenait tout embourbée,
En disant au compagnon :
« Viens, tu Terras, chez mon maître
Quand je vais paraître,
Quelle aimable réception
Chacun va me faire.
On m'aime, on joue avec moi ;
Au perroquet, au chat, ou me préfère,
Et cela de bonne foi.
— Vraiment, je t'avoue
Que j'en doute fort. »
La caniche, aussitôt, vaine de son beau sort,
Entre avec confiance, et, couverte de boue,
S'élance en caressant de genoux en genoux,
Salit les bas aux uns, aux autres la culotte.
Tous, à l'instant, pleins de courroux,
Jouant des mains, des pieds, font tomber force coups
Sur notre pauvre bète. Étourdie, elle trotte,
Court, cherche la porte et s'enfuit,
Honteuse de son aventure.
Le dogue, triomphant, la suit,
Et la plaisante encore sur cette grosse injure :
« Je partage bien tes regrets,
Dit-il, et plains ton infortune ;
Mais c'est le juste prix d'une audace importune,
Qu'on devrait réserver à tous ces indiscrets
Qui, de leur amitié prodiguant la bassesse,
Assomment les passants de leur fausse tendresse. »