L'honnête Homme et l'Intrigue Prosper Wittersheim (1779 - 1838)

« Ciel ! quelle est donc ma destinée !
À se voir en butte au malheur
Ma vie est-elle condamnée !
Découragé, toujours, et toujours plein d'ardeur,
J'essaye, en parcourant les plus nobles carrières,
De fixer mon destin, et, partout, cent barrières
Me ferment le passage : à l'armée, en héros
Je me fais échiner, et vois la récompense
Passer à mon rival qui demeure en repos.
Je demande un emploi ; longtemps, avec constance.,
J'attends, je sollicite, on promet ; on est sûr
De mes capacités, on connaît mon cœur pur ;
C'est en vain, un autre l'emporte.
J'écris en prose, en vers, on m'admire... Oh ! c'est bien
Chez mon libraire, alors, je me transporte,
Et le fripon n'en offre presque rien !
Au théâtre je vais essayer ma fortune,
Mais ma pièce est à peine écoutée à moitié,
Qu'un sifflet, sans pitié,
Proclame mon arrêt... et la rage est commune !
Je m'écrie alors, interdit :
Ali ! cruelle injustice ! en tous lieux donc tu règnes !
Dis-moi pourquoi tout me trahit ? »

L'Intrigue à l'instant passe, et dit :
« C'est' parce que tu me dédaignes. »

Livre IV, fable 17




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