La Chenille et le Laurier Nicolas Grozelier (1692 - 1778)

Parmi les vers à soie, ouvriers des neuf sœurs,
S'insinuants les bois du Parnasse
Une Chenille, dont la trace
Et l'haleine empestée empoisonnait les fleurs.
Les arbres, dépouillés par sa dent meurtrière,
Languissaient tristement sur le sacré coteau,
Que l'astre bienfaisant, qui répand la lumière,
Rend chaque jour plus brillant et plus beau.
Elle voulut enfin, par une audace extrême,
Porter la dent sur un Laurier
Que le fils de Latone avait planté lui-même,
Et chérissait d'un amour singulier ;
Mais l'arbre par sa fève amère,
Résistant au poison de la cruelle dent,
Et plein d'une juste colère
De se voir attaqué par l'insecte rampant,
D'une subite mort le punit à l'instant.

Cette Fable vous peint, trop hardis Satyriques,
Qui cherchez à vous faire un nom,
En attaquant des Auteurs de renom,
Par vos traits mordants et caustiques ;
Détrompez-vous de cette illusion :
Vous ne nuisez par ces lâches pratique»
Qu'à votre réputation.

Livre II, fable 2


Note de l'auteur : Cette Fable est imitée de celle du- Père Comire Eruca & Laurus.

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