L'Agneau inconstant Philippe Barbe (1723 - 1792)

Autrefois un Agneau peu sage,
Nourri dans un gras pâturage ,
Était mécontent de fon fort.
Je ne puis dans ce lieu demeurer davantage ..
Ah ! Que ne fuis - je ailleurs ? Puisse bientôt la Mort
Terminer mes chagrins ! Tel était son langage.
Le Berger du Hameau,
Touché de sa douleur et sensible à sa peine,
Au pied d'un fertile coteau
Baigné par les flots de la Seine
Mena le jeune Agneau.
L'Animal inconstant s'ennuya de nouveau.
Bientôt il regretta sa première demeure.
Hélas ! je vous ai donc quitté,
Pays délicieux, si justement vanté !
C'en est fait. Il faut que je meure.
Je ne voyais en vous que le mauvais côté.
Mais je me rappelle à cette heure
Vos agréments, votre fertilité.
Retournez y lui dit son maître...
Que ne vous dois-je pas ? Déja je sens renaître
La tranquillité dans mon cœur ...
Le plaisir fut bien court et l'ennui fut vainqueur.
Couché tristement sous un hêtre
L'Agneau, deux jours après, déplorait son malheur.
Il mourut au bord de la Loire,
Accablé sous le poids d'un éternel chagrin.

Homme inconstant, tel fera ton destin.
La Fable de l'Agneau deviendra ton histoire.

Livre I, fable 14




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