La raison du plus fort est toujours la meilleure,
A dit notre grand fablier ;
Je pose à rebours la majeure
Et sous l’aide de Dieu je m’en vais essayer
D’en faire ici preuve sur l’heure
Avec le même Loup, avec le même Agneau.
Je tiens pour vrais, ainsi que Lafontaine,
Les faits passés au bord de l’eau.
Même pour vrai qu’au fond de la forêt prochaine,
Préférant la force à tous plaids,
Le Loup, engeance fort méchante,
Sans autre forme de procès,
Emporta la bête innocente ;
Mais je conteste, histoire en main,
Que sire Loup l’ait dévorée ;
J’ai lu dans un Vieux parchemin
Que sa noirceur fut conjurée.
Dieu sous son égide en effet
Se plait à prendre l’innocence ;
Ce loup en fit l’expérience.
Au bois à peine il pénétrait
Que dans un piège il se fourvoie ;
Pris par la jambe au trébuchet,
De douleur il lâche sa proie ;
Aussitôt Agneau de courir.

Plus d’un méchant a parfois la victoire,
C’est vrai ; mais plus souvent de ses noirceurs martyr
Il n’en recueille que déboire.

Livre I, fable 9


Alger, Juin 1853. Une même comparaison au travail de La Fontaine. Une fois n'est pas coutume, ici l'agneau a la vie sauve. Était-ce bien utile ? Je m'interroge...

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