Sortant de son tonneau pour prendre le soleil,
Un peu surpris du fait, un matin Diogène
Vit prés du sien un tonneau tout pareil.
Un jeune homme en sortit ; — « Permets-moi que je vienne,
Maitre, prendre ici place en disciple fervent, »
Dit-il ; à ta gloire j'aspire. »
— Avoir un tel disciple est un honneur vraiment,
Reprit le philosophe avec un fin sourire ;
Parmi ses riches fats Corinthe te comprend,
Si mon souvenir ne me trompe;
Or donc pour premier acte il faut que ton coeur rompe
Avec l’or et tous ses liens :
Sus et tôt par écrit fais-moi don de tes biens
Pour que j’aille en doter les pauvres de Corinthe.
— J’y retourne a l'instant chercher du papyrus, »
Répond le damoiseau d'un air un peu confus.
Ce départ n’était qu'une feinte;
Le faux sage ne revint plus.
On n'est pas plus un Diogène
En choisissant un tonneau pour logis
Qu’on n’est moine en changeant d’habits.
Habits ! tonneau ! transformation vaine,
Si tout d’abord le coeur n'est circoncis.

Livre III, fable 8


Alger, 1° Décembre 1853.

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