Un Enfant a peine éveillé
Se lamentait a chaudes larmes;
Sa mère accourt tout en alarmes ;
Cœur de mère est vite effrayé ;
Tl faut si peu pour coeur si tendre !
Je pleure mon bel agneau blanc, »
Dit-il; » ma mère ! fais-moi rendre
Le bel agneau que j'aime tant!
IL était 1a paissant Pherbette
» Aux doux accents de ma musette;
» J'étais assis près d'un ruisseau;
» Mais ma houlette ou donc est-elle ?
J'ai tout perdu, houlette, agneau,
Ruissel, herbette et chalumeau ; »
Et l’Enfant pleura de plus belle.
A ce nouvel accès de pleurs
Sa mère se prit a sourire ;
Dun rêve les folles erreurs
Causaient seules tout ce martyre.
L’homme est un grand enfant tout éveillé rêvant,
Qui plus qu’aux biens réels s'attache a des mensonges
Et qui pleure le plus souvent
Moins la réalité qu'il ne pleure des songes.

Livre III, fable 9


Alger, 1° Décembre 1853.

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