Une modeste violette
Se cache sous l'herbette.
Dans cet humble séjour,
Fuyant l'éclat du jour,
Elle se dérobe à Zéphire.
Pour le doux papillon
Elle soupire,
Et ne respire
Qu'amour et que tendre abandon.
Mais par sa noblesse
Le dieu volage enhardi,
Persiste, caresse
L'humble roturière et dit :
« Beauté trop sévère,
Tu veux que je te révère...
Je ne sais qu'aimer,
Me laisser charmer,
Et d'un hommage sincère...
— Épargne-toi tant d'ardeur ;
Je sais borner mon envie.
M'élever à ta grandeur
Serait abaisser mon cœur...
Obscure est ma vie,
Mais on m'apprécie
En ma qualité.
Qu'en la sienne chacun reste ;
L'amour constant et modeste
N'est que dans l'égalité. »