Les Dieux et l'Impie Romain Nicolas du Houllay (début 19è)

Au pied d'un mur dont l'âge sourdement
Avait ruiné l'antique fondement
Dormait un Capanée,
Un Busiris, un Salmonée,
Un mortel en un mot de forfaits odieux
Egalement coupable envers l'homme et les dieux ;
Le mur allait crouler ; et notre impie
Sous les débris perdre la vie.
Un dieu, l'on dit que ce fut Osiris
Vient l'avertir que, dans ce lieu s'il reste,
Il va du sort le plus funeste
Etre surpris.
Il s'éveille effrayé, fuit et le mur s'écroule ;
Jusqu'aux talons du scélérat
Avec bruit il en roule
Même un énorme éclat.
Au péril échappé, l'impie
Croit aux dieux immortels ;
D'offrandes et de dons il charge leurs autels
Se persuadant qu'à sa vie
Ils prennent un vif intérêt.
Mais de la part des dieux Némésis en un songe
A notre homme apparaît,
Et dans le cœur elle lui plonge
De l'éternel remords le poignard déchirant ;
Puis prend l'essor, lui déclarant
Qu'Osiris autrefois ne lui sauva la vie
Que pour ne point laisser son audace impunie.

Livre V, fable 5




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