L'Églantier et le Papillon Prosper Wittersheim (1779 - 1838)

Sur le bord d'un sentier,
De ses roses naissantes,
Un modeste églantier
Étalait les couleurs brillantes.
Zéphire passe, voit ; des yeux
Un instant le caresse.

L'arbrisseau, surpris et joyeux,
D'exprimer son ivresse
Veut prendre le doux soin...
Le dieu volage est dépà loin !
L'ami papillon se présente
En cet instant, l'âmé contente:
Quel froid accueil ! «Va, lui dit le rosier,
Porter ailleurs ta caresse insolente ;
Ne vois-tu pas que je suis peuplier ? »
Le papillon recule avec surprise,
Interroge un voisin,
Qui dit d'un air malin:
« L'orgueilleux te méprise
Parce que Zéphire, en passant,.
L'a d'un œil caressant
Fixé, sans y penser peut-être. »
Le papillon, en riant, part et dit:
« Le sot ! il veut paraître

Grand, et se fait petit. »

Livre II, fable 14




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