Soit orgueil, soit inimitié,
Le soleil était sans pitié,
Il dévorait les pauvres plantes.
La terre et les roches brûlantes
L'avaient vainement supplié.
Les poissons, voyant leur empire
Se resserrer à chaque instant,
Ne cessaient plus de le maudire.
Tout succombait. L'astre éclatant
Avait même chassé Zéphire.
Se mourant au bord d'un ruisseau,
Dont jadis il touchait la rive,
Un églantier disait : - Si tu veux que je vive,
Ruisseau chéri, fais qu'un peu d'eau,
Par quelque route souterraine,
Vienne à moi qui respire à peine.
Sois obligeant. Mes pauvres fleurs
Aimaient ta course vagabonde ;
Et, pour quitter ce triste monde,
Après leurs bien courtes splendeurs,
On les voyait tomber et flotter sur ton onde.
Rapporte-nous ton doux miroir ;
Sois sensible à mon désespoir. -
-Hélas ! dit le ruisseau, je suis souffrant moi-même,
Et ne puis rien pour ce que j'aime.
Fais un effort, pourtant ; reviens, ami ruisseau,
Dussions-nous t'avoir pour tombeau. -
-Tu me demandes l'impossible.
- Trop insister est offensant,
Et mon embarras est visible...
Va, quand on est compatissant,
Refuser est bien plus pénible ! -
Mais bientôt le soleil mit fin à ses rigueurs,
Il fit tomber un peu de pluie ;
Le ruisseau put rendre la vie
Et leur miroir aux pauvres fleurs.
Qu'induirai-je de cette fable ?
Refuser est bien dur pour un cœur charitable.