Sur un terrain pierreux, au revers d'un sentier
Que balayait le vent, durant l'année entière,
Brûlé par le soleil, et tout blanc de poussière,
Végétait un pauvre églantier.
« D'où vient, petit buisson, lui disait une abeille,
Qui chaque jour venait le lutiner.
Que j'aime tant à butiner
Sur ton humble corbeille,
Quand je vois tant de fleurs,
Tout fraîchement écloses,
Des lilas et des roses,
Me convier ailleurs ?
— Je suis un faible arbuste
Oublié sous le ciel,
Et je n'ai que tout juste
Une goutte de miel ;
Mais, venant d'un plant solitaire,
Et mûri par l'adversité,
Mon parfum n'a rien de vulgaire, »
Dit le buisson avec fierté.