Le Cheval de l'Âne Romain Nicolas du Houllay (début 19è)

Dans la saison des fleurs au lever de l'aurore
Certain cheval se promenait un jour
Sans frein ni personne à l'entour ;
Dans l'état naturel il semblait être encore.
Pendant qu'à l'aventure il porte ainsi ses pas,
Ases yeux s'offre une belle prairie ;
Mais d'un fossé profond l'enceinte en est munie.
Quelque soit cet obstacle, il ne l'arrête pas.
Emporté par la violence
Du plus formidable appétit
Au- delà du fossé d'un seul bond il s'élance ;
Là Dieu sait ce qu'il fit.
Un âne l'aperçut. Le cheval notre frère,
Dit-il, croit donc savoir seul faire
De ces sortes de tours ; nous en savons autant.
Là-dessus le baudet dans son aveugle audace
Accourt, et du fossé toisant le vaste espace
Au milieu de la fange il se jette et s'étend.
Avant de rien oser connaissons notre force,
Et de la vanité craignons la fausse amorce.

Livre VI, fable 5




Commentaires