Tout prés d'un foyer solitaire,
Vivaient une mouche, un grillon.
Ce domicile tutélaire
Les sauvait tous les deux du froid de la saison.
La mouche à bourdonner passait sa triste vie,
Et le grillon gaiement fredonnait sa chanson.
On traitait dame mouche en petite ennemie;
Seigneur grillon était J'ami de la maison.
Pour exciter la jalousie
De l'insecte mouchard, c'était une raison.
Monsieur, chantez, monsieur Grillon,
Disait-elle avec ironie;
Vos très gracieux sifflements,
En vérité, sont de beaux chants.
Qui ne vous porterait envie ?
Vos grands et sublimes talents
Amusent... les petits enfants.
Grillon répond a l'étourdie :
Je vous dois, il est vrai, de flatteurs compliments ;
On doit aussi louer votre rare génie,
Et parmi nous vous avez le haut rang.
Tandis que j'amuse l'enfance,
Vous vous plaisez beaucoup avec son innocence ;
Mais c'est pour lui sucer le sang.