De la société se faisant un délice,
Un rossignol à la brillante voix,
Parmi les rossignols, hôtes du même bois,
Ne trouva qu'envieux, pleins de noire malice ;
Il cherchait un ami. Chez les autres oiseaux,
Qui différent de mon espèce,
Peut-être, se dit-il, n'ayant point de rivaux,
Je me ferai chérir. Au paon vite il s'adresse :
Beau paon, que je t'admire ! Ah ! je t'admire aussi,
Réplique celui–ci :
Soyons unis tous deux. Pourquoi passer la vie
Eloignés l'un de l'autre, et toujours s'isoler ?
Imitons les hommes. —— L'envie,
Reprit le rossignol, ne saurait nous brouiller ;
Nous sommes, vous et moi, comptés dans les merveilles,
Que l'on renomme sous les cieux :
Vous êtes fait pour charmer tous les yeux ;
Moi, pour enchanter les oreilles.
Dès – lors au rossignol le beau paon fut lié
Par les doux nœuds de l'amitié.
En est-il de vraiment sincère
Entre rivaux, ennemis trop souvent ?
Derram, le Rieniste, et Lailib, le savant,
Furent meilleurs amis que Keline et Voltaire.