Un beau matin, d'une fauvette
Un faucon attaqua le nid :
Contre le cruel la pauvrette
Avec ardeur le défendit.
Du local prenant avantage,
Elle sut éviter sa rage ;
Enfin des serres du maudit
Elle préserva sa couvée.
Devenus plus forts, les petits
Dans les airs prirent leur volée.
Hélas ! bien rarement les fils
Se piquent de reconnaissance
Pour les bienfaits dont leurs parents-
Ont entouré leur faible enfance.
Tel est le train du monde. Au bout de quelque temps,
Par le faucon de nouveau poursuivie,
La fauvette éperdue et craignant pour sa vie,
Sans le moindre espoir de secours,
À la fuite seule eut recours.
« Qu'as-tu donc fait de ta valeur première ?
Lui cria d'un ton méprisant
Un insolent moineau : nous te vîmes naguère
Combattre l'ennemi que tu fuis maintenant. »
« C'est vrai ; mais alors j'étais mère. »