Son bâton près de lui, sous l'ombre d'un vieux chêne,
Tranquillement un voyageur dormait,
Quand sans façon un lézard indiscret
Sur son visage se promène.
En sursaut il s'éveille. « Importun animal !
Tu vas payer bien cher le mal
Que tu voulais me faire. » Il dit, et sa furie
Poursuit le lézard bienfaisant.
Oui, bienfaisant ; car sous l'herbe fleurie
Se cachait un affreux serpent
Dont le dard au dormeur eût arraché la vie.
« Ah ! qu'allais-je faire ? Imprudent !
Dit notre voyageur ; dans ma sotte démence
Je voulais immoler cet ami généreux
A qui je dois mon existence. »
Sans plus de discours, il s'élance :
De son ennemi dangereux
Un coup de bâton le délivre,
Et le monstre a cessé de vivre.
Mes chers enfants, par cet exemple instruits,
Ne rejetons jamais les conseils salutaires,
Quoique parfois importuns et sévères,
De nos véritables amis.