Le Voyageur et le Lézard Théodore Lorin (19è siècle)

Son bâton près de lui, sous l'ombre d'un vieux chêne,
Tranquillement un voyageur dormait,
Quand sans façon un lézard indiscret
Sur son visage se promène.
En sursaut il s'éveille. « Importun animal !
Tu vas payer bien cher le mal
Que tu voulais me faire. » Il dit, et sa furie
Poursuit le lézard bienfaisant.
Oui, bienfaisant ; car sous l'herbe fleurie
Se cachait un affreux serpent
Dont le dard au dormeur eût arraché la vie.
« Ah ! qu'allais-je faire ? Imprudent !
Dit notre voyageur ; dans ma sotte démence
Je voulais immoler cet ami généreux
A qui je dois mon existence. »
Sans plus de discours, il s'élance :
De son ennemi dangereux
Un coup de bâton le délivre,
Et le monstre a cessé de vivre.

Mes chers enfants, par cet exemple instruits,
Ne rejetons jamais les conseils salutaires,
Quoique parfois importuns et sévères,
De nos véritables amis.

Livre VI, Fable 14




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