Les Lièvres et les Renards Théodore Lorin (19è siècle)

Contre deux puissants léopards,
Les lièvres, nation craintive,
Par leur ambassadeur demandaient aux renards
Ligue offensive et défensive.
« Ces impitoyables tyrans,
Depuis six mois et plus désolent nos familles :
Chaque jour, leurs sanglantes dents
Déchirant nos mères, nos filles,
Nous font endurer mille morts.
De vos frères venez seconder les efforts :
Vous nous rendrez un éminent service.
Au courage joignant la ruse et l'artifice,
Ces monstres dévorants tomberont sous nos coups :
La plus éclatante victoire
Couronnera nos fronts d'une éternelle gloire.
Et puis, en nous sauvant, vous travaillez pour vous.
Si vous rejetez nos prières,
Quand nous serons anéantis,
Bientôt nos cruels ennemis
Tourneront contre vous leurs grifses meurtrières. »
« Mon voisin, répondit au disert orateur
Un vieux renard ; certes de vos misères
Nous sommes vivement touchés ; mais par malheur
Nous savons trop quels sont vos adversaires.
Pour résister à leur courroux,
Il faudrait des auxiliaires
Plus forts et plus vaillants que vous. »

Livre III, Fable 9




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