Démosthène ou ce que peut le travail

Adélaïde-Victoire-Antoinette de Lussault (18?? - 18??)


Jeunes gens, voulez-vous acquérir du talent ?
Travaillez, travaillez, oui, prenez de la peine,
Car on parvient à tout par un labeur constant :
Témoin l’exemple heureux fourni par Démosthène.
Ce noble Athénien, plein de zèle et d’ardeur,
Aux armes de Philippe opposant son génie,
Pour empêcher ce roi d’asservir sa patrie,
S’efforçait d’acquérir le talent d’orateur.
Il voulait stimuler par mainte philippique
La haine contre l’oppresseur,
Et l’amour pour la république.
Mais, las ! il bégayait, et la première fois
Qu’il parut dans une assemblée,
L’attention bientôt par des ris fut troublée,
Et l’orateur en parut aux abois.
Fallait-il renoncer, pour sa mésaventure,
À de nobles projets, depuis longtemps mûris ?
— Non, sans doute, et l’amour de ses Lares chéris
Engagea Démosthène à vaincre la nature.
La bouche pleine de cailloux,
Très-souvent il parlait pour délier sa langue ;
Ou d’autres fois, près des flots en courroux,
Il prononçait, bien haut, quelque longue harangue,
Afin de s’exprimer, sans trouble, avec vigueur,
Même au milieu du bruit de peuples en rumeur.
Enfin, par un long exercice,
Cet orateur parvint à si bien s’exprimer,
Qu’on l’écoutait avec délice,
Et qu’il persuadait ceux qu’il savait charmer.
Plaignez-vous, mes enfants, de manquer de mémoire,
Ou de ne point comprendre avec facilité !
Je vous dirai : lisez, méditez cette histoire,
Et voyez ce que peut la ferme volonté.
Mais tout nous offre encor la preuve incontestable
Que rien n’est impossible au travail assidu :
Il instruit l’ignorant, rend utile, agréable,
Déracine le vice, augmente la vertu.
Que d’ouvrages marquants lui doivent l’existence,
Et frappent nos regards par des chefs-d’œuvre humains !
A combien de cités il donne l’abondance !
Qu’il sait utiliser d’infatigables mains !
Les montagnes par lui deviennent praticables,
Les champs sont en rapport, les astres découverts,
Les métaux exploités, les ondes navigables,
Et d’immenses chemins sont frayés sur les mers.





Commentaires

Utilisateur N°1 Jean-Baptiste, le 13 novembre 2024

Et Le Laboureur et ses Enfants de Esope le disait encore de nombreux siècles avant cela. :-)


Utilisateur N°2 Fabs, le 06 novembre 2024

Le Laboureur et ses Enfants, de Jean de La Fontaine, le redit effectivement.