« Prends bien garde, mon enfant,
Prends garde, le chat te guette ;
Avant de te mettre en quête
Examine prudemment.
Prends bien garde aussi, ma chère,
Prends garde à la souricière :
Ce piège que les humains
Tendent sur tous nos chemins »
C'était ainsi qu'à sa fille,
Une mère de famille
Donnait de prudents avis ;
Cette mère était souris.
Elle répétait : Ma chère,
D'un redoutable adversaire
Crains la grille, crains la dont ;
Prends garde au chat, mon-enfant :
De ta race infortunée
Ce monstre est le destructeur :
Il a dévoré ta sœur,
Crains la même destinée.
Examine prudemment,
Prends garde au chat, mon enfant.
— Comment est-il fait, ma mère ?
— Il ressemble à la panthère,
Il a le regard ardent,
Sa gueule est rouge de sang ;
De plus, ce monstre terrible
Porte une moustache horrible.
— le le connaîtrai vraiment,
Dit notre jeune étourdie.
Zeste, la voilà partie,
De tous côtés trottinant,
Cabriolant, gambadant.
Bien loin du trou de sa mère,
Aux chats ne songeant plus guère.
Tout en trottant, dans un coin
Elle aperçoit un engin,
C'est une espèce de cage,
Où de lard et de fromage
On avait mis un repas.
Elle dit ; n'approchons pas,
Car c'est ainsi que ma mère
M'a dépeint la souricière....
Mais quel est cet animal ?
Il a l'air franc et loyal,
D'un sage il a la figure,
D'une hermine la fourrure ;
On voit bien à son poil gris
Qu'il est l'ami des souris :
Faisons-lui la révérence.
Disant ces mots elle avance.
C'était Raminagrobis,
Ce chat h qui rien n'échappe ;
Il fait un saut, rit la happe....
Souriceau te voilà pris.
Ma morale on la devine :
NE JUGEONS PAS SUR LA MINE.

Sous les traits du souriceau,
Qu'ai-je peint ? Un jouvenceau
Qui de bute clans le monde ;
Sur son savoir il se fonde,
Il croit connaître les gens,
Il est dupe des médians ;
Il voit un piège, il l'évite,
Et se livre à l'hypocrite.

Fable 14




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