Le Souriceau et sa Mère Frédéric Rouveroy (1771 - 1850)

Quittant son trou pour la première fois,
Un souriceau tout jeune, à côté de sa mère,
Courait, sautait et se donnait carrière.
» Bon Dieu, dit la souris, eh ! qu'est- ce que je vois ?
Me tromperais-je ? Non, c'est une souricière ! »>
» - Souricière, maman, qu'est-ce donc que cela ? »
» Ah ! gardez-vous, mon fils, de ces machines-là !
N'apercevez-vous pas cette noix suspendue ? »
>> Oh ! Qu'elle est belle et qu'elle a bonne odeur ! »
» Un piège est préparé sous cet appât trompeur. »
- Mais comment donc ? rien ne remue. »
» Tremblez, autant vaudrait rencontrer le matou
Qui, sous mes yeux, croqua ton père !
Vite, mon fils, regagnons notre trou ;
Venez, éloignons- nous d'une arme meurtrière. »
Elle dit, en tremblant se glisse en son réduit ;
Tout en jouant le souriceau la suit.
Mais bientôt la noix défendue
Vient le tenter, se retrace à sa vue,
Il néglige les bons avis ;
Et saisissant un moment où sa mère
Ne peut le voir, il sort, court à la souricière...
Et le gourmand y reste pris.
Enfants, n'imitez pas ce jeune téméraire,
Qui se rit des leçons de la vieille souris !

Livre I, fable 18




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