Un Calise avait un Vizir
Insulte et cruel par plaisir ;
Il immolait la Cour et la Province
A son caprice, à son moindre désir ;
C'était le favori du Prince.
Un beau jour, au front d'un Dervis ;
De sa main il lance une pierre ;
La blessure ne fut légère :
Un autre eût poussé bien des cris.
Couvert de sang, le Dervis en silence
Se baisse, prend la pierre et l'emporte avec lui :
De mille traits de violence,
Ou plus méchants, ou tels que celui-ci,
L'excès ne put longtemps être impuni,
On se mutine, on se rassemble,
Et le faible Tyran qui tremble
Abandonne son favori :
On vous le prend, on vous le lie et puis
On précipite au font d'un puits
Le maraud de Vizir qui pleure :
Vient, le Dervis qui lui crie en son trou :
Vizir, connais-tu ce caillou ?
Il est à toi ; je m'en vais te le rendre.
Aussitôt ajustant le coup
Dont il est prêt à le pourfendre,
Il dit : l'infracteur de la loi,
Le mortel qui porte l'effroi
Au sein de la douce innocence,
Les méchants, apprendront de toi
Qu'il est un jour pour la vengeance.
Rude...