Le Vizir et le Dervis Antoine Bret (1717 - 1792)

Un Calise avait un Vizir
Insulte et cruel par plaisir ;
Il immolait la Cour et la Province
A son caprice, à son moindre désir ;
C'était le favori du Prince.
Un beau jour, au front d'un Dervis ;
De sa main il lance une pierre ;
La blessure ne fut légère :
Un autre eût poussé bien des cris.
Couvert de sang, le Dervis en silence
Se baisse, prend la pierre et l'emporte avec lui :
De mille traits de violence,
Ou plus méchants, ou tels que celui-ci,
L'excès ne put longtemps être impuni,
On se mutine, on se rassemble,
Et le faible Tyran qui tremble
Abandonne son favori :
On vous le prend, on vous le lie et puis
On précipite au font d'un puits
Le maraud de Vizir qui pleure :
Vient, le Dervis qui lui crie en son trou :
Vizir, connais-tu ce caillou ?
Il est à toi ; je m'en vais te le rendre.
Aussitôt ajustant le coup
Dont il est prêt à le pourfendre,
Il dit : l'infracteur de la loi,
Le mortel qui porte l'effroi
Au sein de la douce innocence,
Les méchants, apprendront de toi
Qu'il est un jour pour la vengeance.

Fables orientales, fable 19


Rude...

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