Un monarque persan revenait de la chasse,
Accablé de fatigue, épuisé de besoin.
Il fait halte un moment, respire, se délasse ;
Mais la faim l'aiguillonne. Il aperçoit de loin
Un enclos où Pomone étale
Ses présents répandus d'une main libérale.
– Dans ce verger, dit-il, qu'on me cueille des fruits.
Un courtisan part, vole, et revient, hors d'haleine,
Présenter au monarque une corbeille pleine
D'oranges, de cocos, et d'ananas exquis.
-Oh ! les fruits excellents ! qu'ont-ils coûté? -Rien, sire ;
Ne sont-ils pas offerts au maître de l'empire ?
--Retournez les payer. Mais, sire, il ne sied pas
Qu'un roi soit tributaire au sein de ses états.
-D'un nom si glorieux quand l'Orient me nomme,
C'est à moi le premier à respecter la loi.
Que d'un champ qui n'est pas à soi
Un monarque enlève une pomme,
Par l'exemple enhardis, ses courtisans, sans frein,
Coupent l'arbre le lendemain.

Livre V, fable 8




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