Un berger faisait paître des brebis dans la campagne, et, plein de sollicitude pour elles, il ne prenait aucun repos, ni la nuit, ni le jour. Maintes fois un voleur avait tenté contre lui toute espèce de ruse, sans obtenir le moindre succès. Fatigué de cela, notre coquin alla prendre une peau de lion qu'il avait, chez lui, la remplit de paille et la plaça pendant la nuit sur le haut d'une colline, afin que le berger pût l'apercevoir ; puis s'avançant vers lui :
« Le lion, dit-il, veut que tu lui donnes à souper. »
- « Où est-il donc ? » s'écria le berger.
— « Sur cette colline, en face de toi, » répondit l'autre. Le berger leva les yeux et, voyant le fantôme, s'imagina que c'était un lion. Saisi d'un grand effroi, il dit au voleur :
« Prends ce qui te. plaira de mon troupeau ; il est à la disposition. » Le voleur enleva ce qui lui convenait, se proposant bien d'exploiter de nouveau le berger, en mettant à profit la cause de sa frayeur.
— « J'ai donc trouvé le moyen ! » se dit-il en lui-même. Et, à tout moment, il allait placer son épouvantait sur la colline, et se rendait auprès du berger, lui disant :
« Ce lion te demande à souper. »
C'est ainsi qu'il obtint du berger tout ce qu'il voulut, et ne mit fin à sa ruse qu'après avoir anéanti le troupeau.