« Au fond de nos forêts, sentant battre mon coeur,
« Je cherche un ami vrai, l’idéal du bonheur ! »
C’est ainsi que le loup s’exprime.
Son attitude est si sublime,
Qu’elle attendrit un jeune ourson
De l’école des Grandisson. —
Agréez-moi, dit-il, pour votre frère d’armes,
Tout prêt à partager vos peines, vos alarmes :
Quel que soit votre sort
Je ne vous quitterai dans la vie et la mort.
À ces accents le loup tressaille de tendresse,
Il embrasse Martin, lui sourit, le caresse :
L’ours l’accompagnera, l’ours tuera les biquets,
Passera blanches nuits à guetter les daguets ;
Et si le chasseur vient il ira le surprendre,
Afin que sire loup n’ait pas à se défendre
Du coup de feu
Qui blesse un peu.
Le trait de dévouement va de soi dans mon rôle,
Dit Martin refroidi, mais le vôtre est plus drôle ;
Vous me sacrifiez sans la moindre pudeur
En toute occasion. Merci bien Monseigneur :
Aimez mieux qui vous aime,
Ou vous n’aurez jamais d’autre ami que vous-même.

Livre III, Fable 7




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