Un coq aimait ses poules, uniquement pour elles :
Trouvait-il le plus petit grain,
Il appelait, grattait, battait des ailes ;
Il s'en privait, quoique souvent il eût bien faim.
Mais un jour de malheur (le malheur n'est pas rare),
Sur les pattes du coq la goutte se déclare :
Le voilà sur le flanc ; les poules d'accourir,
Et, sans pitié pour le martyr,
À coups de bec arrachent plume à plume.
De tout ce qu'il souffrit on ferait un volume :
L'acharnement fut tel qu'il y trouva la mort.
Qui fait le bien a trop souvent le même sort ;
N'importe, il faut le faire.
Quand viendra notre heure dernière,
Lorsque l'éternité devant nous s'ouvrira,
Le ciel nous jugera.
Ingrats, ayez la certitude
Que le ciel punira l'ignoble ingratitude.

Livre III, fable 19




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