Les belettes et les rats se faisaient-une guerre implacable et sanglante ; les belettes étaient victorieuses. Les rats attribuaient leur défaite au manque de généraux qui se missent à leur tête et ne les laissassent plus courir tout en désordre aux batailles. Ils choisirent donc ceux qui se distinguaient le plus par leur naissance et leur force, les plus consommés en prudence, les plus valeureux dans les combats. Nos capitaines mirent partout la discipline, les partagèrent en bataillons, en cohortes, en phalanges, comme chez les hommes.
Quand ils furent tous rassemblés et rangés en bataille, et qu'un rat plus courageux eut défié une belette, les chefs, ayant orné le haut de leur tête de petits brins de paille qu'ils avaient enlevés à des murs de pisé, marchaient en avant, aisés à reconnaître entre tous.... Les rats prirent la fuite de plus belle. La racaille trouva son salut dans ses trous ; les commandants seuls, empêchés par leurs aigrettes, ne purent s'y fourrer assez vite, et furent pris à l'entrée même de leurs retraites. On fit des trophées de cette victoire ; chaque belette traîna à sa suite un général rat.
La fable nous dit : Pour fuir le danger, mieux vaut la médiocrité que la plus brillante fortune.