Par sa vitesse, autant que par hasard,
Comme le lièvre, ayant su du renard
Éviter la chaude poursuite,
Revenu dans son trou, notre pauvre lapin
Sur tout ce qui se passe autour de lui médite.
Quoiqu'il en soit, chaque matin
Sa méditation profonde
Fait place à d'autres soins. La faim
Le fait trottiner à la ronde
Pour grapiller le serpolet, le thym.
Mais, ce décret, ces lois nouvelles,
(Qui troublent bien d'autres cervelles,)
Ce droit de chasse, et de ce§ paysans
Les voeux, les droits excités en tous sens
Du bon Jeannot bouleversent les sens.
Sur le qui vive il est en sentinelle :
Il a l'oreille au guet. Pauvre Jeannot !
Fiers d'avoir un fusil, Mathurin et Gnijiot,
Jour et nuit vojit te faire juae guerre cruelle.
Ainsi parlait-il ; quand bientôt,
Tout oreille, rêvant chasseur et chien de chasse,
Au détour d'untuisson, hélas !
L'infortuné tombe en des lacs
Dont il n'avait vu nulle trace.
Jeannot, vigoureux, gros et gras,
Est, s'il en fut jamais, vrai lapin de garenne.
On vous ie porte à la ferme prochaine,
Où de vivre en sultan il n'aura que le soin ;
Mais pour lapin du bois p'est toujours l'esclavage !
Quand maints périls, de près comme de loin,
Se croisent sur votre passage,
Il faut veiller ; mais las ! homme ou lapin,
- Ce n'est qu'autant, qu'il convient au destin,
Qu'on peut éviter le naufrage.