Le Magister en témoignage Bourgeois-Guillon (19è siècle)

Un âne, je me trompe, aujourd'hui c'est du maître
Que je vais vous entretenir.
Si je parle de l'un toujours avec plaisir,
L'autre pourra vous amuser peut-être.
Le maître donc de mon vieil animal,
Le magister de son village,
Étant cité devant uu tribunal,
Comme témoin, y comparut. D'usage
On fait refaire à tout témoin
Sa déposition orale.
Après avoir toussé, craché, de loin
Mon magister, d'une voix doctorale,
Reprend les faits. Bref, c'est ainsi, dit-il,
Et le voilà qui gesticule
Pour démontrer mieux ce qu'il articule.
Souvent de son discours il perd, reprend le fil.
Entr'autre expression dans sa bouche risible,
Il appuyait surtout sur le mot ostensible.
Il s'agissait, je crois, d'un ostensoir ;
C'était un délit de fabrique.
Monsieur le juge, il est de mon devoir
D'être, dit-il, vrai, juste et véridique.
Il était ostensible, on ne pouvait le voir.
Mais, lui dit l'avoué de la partie adverse,
Sans tant de mots de controverse,
Parce mot ostensible, eh bien ! qu'entendez-vous ?
Eh mais, monsieur, dit-il, c'est un mot, que je sache,
Qui doit être compris de nous.
C'est.. ce que.. dans sa manche, en son chapeau l'on cache
Et comme qui dirait.... Ma foi, de rire tous,
Le président lui-même en rit dans sa moustache.

Soldat, ce magister n'eût été qu'un bravache,