Sans doute que dans le traité
Que fit le charlatan pour présenter son âne,
Dans les dix ans, si bien instruit, bien ergoté,
Qu'il pourrait endosser la robe ou la soutane,
Le drôle avait bien cimenté
D'être payé trois quarts au moins d'avance,
Tous ces débitants de science
Et de fortune et de santé,
Ont, dans ce cas, de la prudence,
On a vu comme avec jactance
Il a traité ce jeune monseigneur :
Rongeant son frein, celui-ci dans son cœur
Roule, en courtisan, sa vengeance ;
Nous verrons, dit-il, dans dix ans
De tout ceci, de la fin de son rôle,
Comment se tirera le drôle,
C'est là, faquin, que je t'attends,
Qu'arriva-t-il ? On s'en fait une idée,
Le bon Martin, le pauvre Aliboron
Meurt dans le cours de la septième année.
Que son trépas fut naturel ou non,
Notre homme en eut la prévoyance,
Quand au seigneur lui parlant de potence
Il répondait : eh ! monsieur, nous verrons :
J'ai dis ans ; dans dix ans, je pense,
« Le Roi, l'Âne, ou moi, nous mourrons. »
Des Rois la mésintelligence,
De leurs ministres l'ignorance
Retombent sur les nations.