Le Singe, le Renard et le Serpent Bourgeois-Guillon (19è siècle)

Mécontents du lion, le singe, le renard,
Associés au serpent se liguèrent,
Suivant leurs moyens complotèrent,
Pour compromettre, tôt ou tard,
De son gouvernement la gloire et l'existence.
Le singe dit : Par mainte manigance,
Par maint tour furtif et rusé
J'aurai bientôt dépopularisé
Ce maître altier. Et moi, par maint manège,
Dit le renard, je prétends sur leur siège
De tous ses courtisans obscurcir la raison,
Les amener à mes fins. Moi, j'espère,
Dit le serpent, dans le mystère
Ourdir si biea ma machination
Qu'il ne sera pas même nécessaire
De mettre en oeuvre le poison.
Les voilà donc chacun, suivant sou caractère,
Dans l'ombre complotant ; mais l'indiscrétion
De Bertrand qui n'est qu'un brouillon,
A bientôt éventé l'affaire.
Ils sont arrêtés : le lion
Les fait livrer à la justice.

Puissent dans leur juste supplice
Certains machinateurs trouver une leçon.

Livre I, Fable 5




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