Une jeune hirondelle à la tête légère,
Oubliant les conseils que lui donna sa mère
Pour un climat lointain,
Impatiente, autant qu'à cet âge , on peut l'être,
Dans l'espoir de revoir le toit qui la vit naître,
Se mit en route un beau matin ;
N'ayant pour faire le voyage
De guide , que l'instinct donné par le courage ;
Sans trop de malencontre , au but de son désir,
Elle arrive pourtant. Jugez de son plaisir ;
C'est son premier essai. Dans sa joie enfantine,
Elle s'en va partout proclamant son bonheur,
Ou plutôt, hélas ! son erreur ;
La pauvre pélerine,
Comme ses sœurs n'avait pas le savoir,
De pressentir, ni de prévoir
Jusqu'aux moindres orages ;
N'ayant pas pour cela fait assez de voyages ;
Ce qui peut amener la pluie ou le beau temps,
Voire le retour du printemps,
Etait chose inconnue à sa pauvre ignorance,
Et, ce fut cause aussi, que l'inexpérience
Lui faisant devancer la saison des beaux jours,
Et des amours,
Elle prit la rigueur de la température,
Pour une erreur de la nature.
Que je vous plains, mes bons amis,
Dit- elle, aux oisillons qu'elle voyait transis,
D'être obligés de vivre en pareille contrée,
Où la constance et la durée
Des rigueurs de l'hiver, vont jusques à fin mai.
En aucun autre lieu, voit-on un tel délai ?
Ainsi donc, croyez- moi, quittons cet hémisphère ,
Allons chercher une autre terre.
Un vieux moineau , malin et quelque peu sorcier,
Sachant par cœur tout son calendrier,
Lui dit vous vous trompez ma chère ,
Vous vous croyez en mai, l'on est en février ;
Ce fait n'est, mon enfant, il faut qu'on vous le dise,
Un contre-temps, pour vous , que par votre sottise ;
Tant pis, si vous avez quitté,
Trop tôt, un séjour d'été,
Ce n'est pas un motif, pour que l'on soit, je pense,
Victime de votre imprudence,
En partant tous comme des fous,
Pour un climat qui n'est point fait pour nous,
Que ne tentons-nous pas pour imposer nos vues,
Surtout, quand il s'agit de couvrir nos bévues ?