Mais, mon jeune voisin, vraiment vous êtes fou,
Disait l’hirondelle au hibou,
Qui, dès l’aube du jour, rentrait dans sa masure.
Pourquoi donc fuir toute société
Et les beautés de la nature ?
Oh ! votre œil serait enchanté
Du soleil et de la verdure.
Volez au bois, aux près, aux champs,
Venez nous voir, nous sommes bonnes gens,
Et voire solitude en paraîtra moins dure.
— Non, ma tristesse, mon humeur,
A tout le monde ferait peur.
— Vous ignorez, repartit l’hirondelle,
Qu’à votre âge l’on peut changer,
Même en tout temps se corriger.
— Mais il faudrait chanter, et ma voix n’est pas belle.
Puis feu mon père a dit souvent :
Mon enfant,
Ne sortez que la nuit, ne volez qu’à la ronde ;
Craignez, fuyez surtout les oiseaux du grand monde.
— Eh ! c’était là, mon cher, le conseil d’un hibou.
Tenez ma leçon est plus sage :
Lorsque toujours on vit seul dans son trou,
Des bonnes qualités on ne peut faire usage ;
Qui de la vérité n’entend pas le langage,
Gardera ses défauts, ses travers, son humeur,
Et ce sera votre partage :
Enfin, pour qui vit seul, ni plaisir, ni bonheur.