Sur une terre ingrate à quoi sert la culture ?

Un père avait deux fils de diverse nature :
L'un que Minerve avait en vain bercé
Savait à peine l'A, B, C,
Et l'autre semblait né sous une étaile heureuse ;
Il joignait au don de l'esprit
Beaucoup de mémoire et d'acquit,
Et la Chronique scandaleuse
Ajoute qu'il faisait par sois de jolis vers,
Bref il réunissait tous les talents divers.
Et le prudent Vieillard au bout de sa carrière
Lui déclare en ces mots sa volonté dernière,
Mon fils, je crains pour vous un fâcheux avenir,
Vous avez de l'esprit, qu'allez-vous devenir ?
Bravez s'il se peut la misère,
Tous mes biens sont à vous. Et que ferait mon frère ?
II n'a jusqu'à présent tien que par vos bontés,
Pout m'enrichir vous le déshéritez !
Il est vrai, mais en récompense
C'est une bête à vingt et trois carats,
Un grand fonds de bêtise est un trésor immense.

Pour amasser force ducats
Pas n'est besoin d'être un Homère,
Un sot fait bien mieux son affaire,
Et l'en prend à témoin tant de riches Midas.

Livre I, fable 7




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