Le tonnerre et les Grenouilles Claude-Joseph Dorat (1734 - 1780)

La foudre grondait dans les airs ;
Les vents entrechoquaient les nues
Où serpentait la lueur des éclairs :
Les champs étaient noyés et les moissons perdues.
Pendant ce tumulte effrayant,
Sous leur habitacle aquatique
Des Grenouilles tremblaient ; je le crois aisément.
Plus de danse et plus de musique ;
Une morne terreur avait gagné l'étang,
Et consterné la république.
C'est notre faute assurément,
Dit, à peu-près, en son rauque langage,
La Doyenne du marécage :
Calmons du Ciel le courroux éclatant,
Nous seules allumons ses carreaux redoutables :
Quand Jupin tonne, il est constant
Que les Grenouilles sont coupables.

Livre IV, fable 9




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