Certaine fable un jour dit au poète :
Quand me trouveras-tu parfaite?
Tu devrais être enfin las de me corriger.
Vingt fois sur le métier remise,
Au gré de ta muse indécise,
De forme il m'a fallu changer.
Je t'ai vu tour à tour m'étendre, m'abréger.
Finis-en donc, que sans remise
A côté de mes sœurs je puisse me ranger.
- Je vous trouve bien peu sensée
De parler ainsi, lui répond
L'élève zélé d'Apollon.
On s'égare en courant : soyez donc moins pressée
Trop rapidement composée
Vous offririez peu d'agrément :
Faite plus difficilement,
Vous n'en serez que plus aisée.

Livre I, fable 18




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