Brifaut dit à Médor : -Toi qu'au logis on aime,
Qui caresses le maître, amuses les enfants,
Et jusqu'aux valets de céans
Sais tout charmer par ta douceur extrême,
Tu conviendras que par moments
Tu diffères bien de toi-même.
Paraît-il un chien étranger,
Loin de lui faire politesse,
De le gratifier d'un mot, d'une caresse,
Tu lui montres les dents et le fais déloger.
Doit-on traiter ainsi les gens de son espèce,
Et d'humeur à ce point, dis-moi, peux-tu changer ?
- Ami, dit Médor, en ce monde
Où les bons sont toujours vexés par les méchants,
Pour jouir d'une paix profonde,
Il faut savoir parfois épouvanter les gens.
Vas, ce que je fais est dans l'ordre :
Envers tout étranger défiance est vertu ;
Je montre les dents , non pour mordre,
Mais pour ne pas être mordu.

Livre I, fable 3




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